Soins de santé au Grand-Duché : la cata, si l’herbe devenait plus verte en Belgique

Le Luxembourg s’est penché sur ses forces vives dans la santé. Dont ses 555 MG qui vieillissent, font moins de visites, essuient des délais d’attente plus longs quand ils référent un patient à un MS… Les autorités concluent notamment que si des voisins, comme la Belgique, rehaussaient les salaires de leurs soignants, le système sanitaire du Grand-Duché essuierait « une crise grave ».

Une vaste étude sur les besoins en professions (para)médicales a été commanditée, fin 2018, par le ministère de la Santé luxembourgeois. Ses conclusions viennent de sortir. A ce jour, le pays est plutôt en mode « RAS » : l’état de santé de sa population est bon, merci, et on n’a pas renoncé à certaines offres de soins par manque de bras. Mais demain, avec – refrain bien connu – le vieillissement démographique et l’explosion des maladies chroniques, le ton pourrait changer. D’où cette nécessité de quantifier et d’anticiper.

C’est surtout au niveau de l’incapacité du pays à produire assez de ressources en médecins et en soignants que le signal d’alarme est tiré : le système sanitaire tourne… moyennant un taux (global) de 62% de professions de santé provenant de l’étranger. D’où une extrême vulnérabilité aux décisions des pays frontaliers.

Si l’on prend plus précisément le cas des généralistes, on en dénombre 555 au Grand-Duché, dont 67,55% de praticiens de nationalité luxembourgeoise (une proportion en baisse) (*). Soit, en 2018, un ratio ajusté de 0,84 MG par 1.000 habitants, mais avec une répartition inégale sur le territoire.

La pyramide des âges est qualifiée de « tendue ». L’étude prédit que certains cantons seront affectés par les départs prévisibles à la retraite (avec par endroits jusqu’à 50% de perte). S’il s’est amélioré entre 2007 et 2017 (jusqu’à du 0,42), le rapport MG/MS n’est « toujours pas favorable au développement des soins primaires tel que voulu par l’autorité publique ».

Même si les MG se rendent disponibles pour leurs patients présentant des pathologies lourdes en 24 à 48 heures, l’étude identifie des « signaux d’alerte d’accès », comme le recul des visites depuis 10 ans ou les difficultés de recrutement de MG pour des centres de soins résidentiels ou de rééducation gériatrique.

L’étude aligne une longue liste de recommandations au niveau de la gouvernance, notamment le fait de « rester un pays attractif » pour les praticiens étrangers, « recentrer les médecins sur leurs activités clés » ou encore assurer du « task shifting » entre MG et MS et entre MG et infirmiers de pratique avancée. Le rapport évoque également comme leviers le fait de renforcer le nombre d’étudiants en médecine et d’accompagner les jeunes médecins lors de leur installation. Dans les ingrédients de la recette, figure également l’utilisation « plus efficiente des nouvelles capacités offertes par la numérisation ».

(*) en 2017, le pays recensait 7,55% de MG belges (+ 6,53% d’Allemands et 13,67% de Français)

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